La marche


Je l’ai rencontrée il y a dix ans. J’ai appris à nager dans les écumes et le sel, j’ai donc appris à marcher dans les pierriers et le granit. Je ne fais jamais rien à moitié.

 

La marche est douloureuse. Elle apprend la sagesse. La patience. Elle est généreuse. Elle redonne à chaque pas ou à chaque seconde toute son importance. Elle rassemble deux entités trop souvent déconnectées: L'esprit et le corps. Elle sait les mettre en conflit aussi. Elle a le gout délicieux des efforts, celui qui encense les choses simples. Bref on s’est tout de suite bien entendue. 

 

C’est dans les Alpes que j’ai fait mes premières randonnées. Depuis, la marche ne m’a plus lâchée. Je l’emmène partout en vacances et à son tour elle m’emporte dans des endroits sublimes et uniques, ancrés dans mon esprit et dans mon corps. Des sentiers plus tard, j’ai exploré les Pyrénées, les volcans indonésiens, les rocheuses canadiennes et tous les massifs que je pouvais rencontrer.

 

Ce que j’aime le plus chez elle, c’est qu’elle demande un juste équilibre entre la rigueur et le lâché prise. Elle me donne le gout d’écrire. Comme chaque pas que tu poses sont des mots (maux) que tu lâches.

Cette fois je veux lui offrir en retour de tout ce qu’elle m’a donné, la chance de devenir mon mode de vie. Le moyen le plus sain de se déplacer. Le mode de vie le plus simple pour exister. Une communion ou un pont entre mon enveloppe charnelle et cette petite flamme qui ne brille que pour elle.

 

Elle est dans l’air du temps. Pas une journée ne passe sans entendre les mots du champ lexical de l’écologie. Et bien en plus de retrouver une dimension humaine au temps, je me déplace sans  laisser la moindre empreinte de carbone. Ou plutôt je laisse une trace mais d’une taille plus humaine.